Yann-Fañch Kemener, le "passeur" du chant breton

Originaire de Ste Tréphine, en plein cœur du Centre-Bretagne, Yann-Fañch Kemener a dédié sa vie à l’héritage culturel breton, plus particulièrement au chant breton sous toutes ses formes. Il s’est éteint en 2018, mais reste et restera un personnage clé de l’histoire de la Bretagne, de part la valeur inestimable de sa mission : immortaliser les mémoires d’une culture bretonne riche et unique.Yann fanch kemener portrait 1

Citation de Yann-Fañch Kemener

« Lorsque j’ai contribué à remettre en honneur ce type de chants bretons, nous étions peu nombreux. Aujourd’hui, ce sont plusieurs dizaines de femmes et d’hommes qui s’inscrivent dans cette tradition et veulent valoriser ce répertoire. Je ne peux que les y encourager : la voix, la musique, la poésie ont ceci d’extraordinaire qu’elles ouvrent la porte des cœurs. Peut-on rêver meilleur salaire ? »

Sa biographie et son travail

Né à Sainte-Tréphine, dans le village de sa mère, Yann-Fañch a grandi entouré de chanteurs. Sa mère le lui rappellera souvent : « Mon père, ma mère, mes oncles Pierre-Jean et Eugène, ma tante Marie-Louise, étaient tous de grands chanteurs et de bons danseurs. » dira-t-elle.Carte avec sint trifin sC’est à l’âge de 13 ans, en 1968, que Yann-Fañch commence à chanter, poussé par le regain en popularité des festoù-noz qui, jusque-là, avaient souffert d’une réputation mauvaise dûe à la répression culturelle d’après-guerre. Il commence alors naturellement avec son père, mais va rapidement se poser la question du répertoire : interpréter le fonds commun, ou se construire son propre registre ?

Albert BOLORE, faisant alors partie de ses premiers formateurs avec son père et sa mère, lui conseille d’aller à la rencontre de Jean-Marie YOUDEC et Jean PODER, alors à la retraite, mais chanteurs très actifs, formés à la mode ancestrale, en écoutant et en répétant.Les debuts avec a bollore

En se formant auprès d’eux, Yann-Fañch découvrira le Kan a Boz, « chant à pause » et joute oratoire improvisée, qui deviendra son chant de prédilection. Il se confrontera aussi à la difficulté de l’apprentissage, qui se fit à force de répétitions, à défaut d’avoir quelconques traces écrites de Jean-Marie ou Jean qui, n’ayant pas été scolarisés, ne pouvaient ni écrire, ni lire.

Sa rencontre avec Erik MARCHAND marquera également un tournant dans sa vie, puisqu’il sera son compère pour de nombreuses années. Ils s’aideront mutuellement dans leur quête à la perpétuité et au développement du chant traditionnel breton.Erik marchand

En participant au Kan Ar Bobl en 1975, à Rostrenen, Yann-Fañch saisit cette chance de faire connaitre ce répertoire en interprétant Ar Miliner. Le succès fut immédiat, et les anciens présents à l’évènement, se mirent à chanter ce qu’ils savaient. Ces anciens réclamèrent même à apprendre leurs chansons aux jeunes.

Par la suite, le travail de collectage devint la mission principale de Yann-Fañch, qui ira de rencontre en rencontre, s’appuyant sur certains travaux de collectage, comme celui de la famille MAZEAS, où il a pu y écouter un grand nombre d’enregistrements. Dans ce sens, il dira « J’ai voulu apporter une modeste pierre à l’édifice commencé par d’illustres prédécesseurs tels que Hersart de LA VILLEMARQUE, François-Marie LUZEL, Loeiz HERRIEU… qui ont contribué à sauver de l’oubli une partie de la culture de notre peuple. »

Son ouvrage « Carnets de route de Yann-Fañch Kemener », fait partie de la trace écrite qu’il laisse de ce répertoire.

En 1977, il sortira son premier album, Chants profonds de Bretagne, et notamment Ballade de Skolvan, Gousperrou ar ranned et La Grande Passion qui font encore aujourd’hui partie des chants qui ont marqué le chanteur et sa carrière. Au cours de sa vie, il sortira 31 albums, participera à 44 albums, rédigera 3 œuvres « Carnets de routes de Yann-Fañch Kemener », « Collecteur de contes en Basse Bretagne » et « Nous irons pleurer sur vos ombres » et sera convié à écrire plusieurs préfaces.Ses albums s

En 1988, il fonde le groupe BARZAZ avec Gilles Le Bigot (guitares), Jean-Michel Veillon (flûtes), Alain Genty (basses) et David Hopkins (percussions). Ce groupe est devenu mythique au fil du temps et joue avec les éléments, entre la pureté de la voix, les silences, les bruitages et les cloches d’Hopi Hopkins, donnant l’impression que le vent ou la pluie s’invitent à la mélodie.

Nombreux seront les événements marquants de sa carrière. Il cite entre autres, sur sa biographie disponible sur son site internet :

En 1995, sa rencontre avec Didier Squiban à l’occasion de l’Héritage des Celtes, avec qui il va enregistrer trois albums.

Au début des années 2000, la création de son duo avec la violoncelliste, Aldo Ripoche, avec qui il va produire de nombreux albums et faire de nombreux spectacles.

En 2016, il créera le groupe Yann-Fañch Kemener Trio avec Erwann Tobie et de Heikki Bourgault, pour le but d’animer des festoù-noz.

Il sera également reconnu et récompensé à de nombreuses reprises avec le grand prix du Patrimoine par l’académie Charles-Cros pour ses volumes des Chants profonds de Bretagne en 1982, le collier d’Hermine en 2010 et chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2015.

En 2019, il s’éteindra des suites de son cancer. Son enterrement regroupera 1500 personnes en l’église de Sainte Tréphine, le 19 mars 2019.

Non seulement Yann-Fañch fait figure de personnage incontournable du chant breton, mais aussi à plus large échelle, d'acteur fort de la promotion de la langue bretonne, qu’il parrainera tout le long de sa vie. Il se réjouira des actions mises en place par ses pairs et par d’autres passionnés de culture, et fera tout pour que le flambeau se passe, tout comme il a fait dans sa jeunesse.Un patrimoine eternel s

Vous qui lisez ces lignes, nous vous invitons à découvrir son œuvre, son timbre de voix unique, ses récits captivants. Laissez-vous emporter par Yann-Fañch, et entretenez la flamme.

Pour mieux connaître Yan-Fañch Kemener

Vous pouvez trouver ses albums en streaming sur Deezer. Découvrez également le chanteur à travers son site http://yfkemener.com/ où il écrivait régulièrement, mais où il parle également de son œuvre.

Sur son site, Yann-Fañch a créé un espace dédié pour exposer son travail de collectage : http://yfkemener.com/productions/collectages/

Il existe également des reportages faits sur l’artiste :

"Tremen en ur ganañ" : https://www.youtube.com/watch?v=PFkjdzIzmrk&feature=emb_title, produit par France 3 Bretagne et réalisé par Ronan Hirrien

Ainsi que de nombreuses vidéos de ses prestations scéniques listées en partie ici : http://yfkemener.com/videos/

Sources pour la rédaction de cet article :

« Carnets de route de Yann-Fañch Kemener », publié en 1996.

Biographie de Yann-Fañch Kemener sur son site internet : http://yfkemener.com/biographie/

Commentaires

  • Combrisson Françoise
    • 1. Combrisson Françoise Le 26/11/2020
    Merci beaucoup de nous avoir signalé la coquille sur la date du décès et d'avoir apporté ces précisions importantes.
  • Ronan HIRRIEN
    • 2. Ronan HIRRIEN Le 25/11/2020
    Bonjour,
    Yann-Fañch s'en est allé le samedi 16 mars 2019 et son enterrement s'est tenu en Sainte-Tréphine le mardi 19 mars 2019.
    Bien que luttant de toutes ses forces contre la maladie depuis octobre 2017, Yann-Fañch a trouvé l'énergie d'enregistrer le double album "Roudennoù / Traces, Hommage à la poésie bretonne / Barzhoniezh Breizh" en mai 2018 (il sortira en février 2019), puis de m'accorder plusieurs entretiens de la mi juin à la fin juillet 2018 pour le documentaire "Yann-Fañch Kemener, tremen en ur ganañ".
    Une fois que vous aurez corrigé l'année de son départ, n'hésitez pas à effacer mon commentaire.

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